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Monique Peytral

 

 

La peinture-monde de Monique Peytral

 

A n’en pas douter, le nom de Monique Peytral est et restera associé à Lascaux et ses sortilèges rupestres. A Lascaux II plus exactement, double de la célébrissime grotte – la seule qui soit ouverte au public désormais. Là, pendant onze années (de 1972 à 1983), Monique Peytral procéda, avec une minutie prodigieuse, à la duplication parfaite de toutes les figures animalières peintes ou gravées par nos ancêtres, voici 18 000 ans. Onze années passées dans les entrailles de la Dordogne, loin de la société et de ses rituels mondains, à travailler quinze heures par jour pour sauvegarder cette part essentielle de notre patrimoine ; pour permettre à de nouvelles générations de saisir le phénomène artistique dans son berceau même et méditer sur l’aventure – fascinante - de notre espèce.

Ce travail titanesque, sous l’égide des plus hautes autorités culturelles de l’Etat, n’en est pas moins, dans sa carrière, l’arbre qui cache la forêt. Car Monique Peytral était déjà une artiste-peintre confirmée (liée au Groupe des Arts Plastiques de la Côte d’Azur) avant la « parenthèse » de Lascaux. Depuis, elle a repris ses pinceaux à des fins plus personnelles, poursuivant inlassablement une œuvre immense, chaleureuse, lumineuse qui l’a faite exposer un peu partout en France, mais aussi dans le monde, aux USA, en Chine et en Allemagne notamment où elle est présentée en permanence dans plusieurs galeries.

Femme du Sud, elle a vécu comme une véritable initiation ces longues années de travail souterrain. Et c’est avec le sentiment d’une re-naissance qu’elle a retrouvé, avec plus d’appétence que jamais, le soleil et la lumière. Cela explique certainement son goût pour les couleurs vives, si présentes dans ses tableaux. A sa manière, elle perpétue l’héritage des Fauves et leur attirance pour la clarté méridionale. Du reste, c’est peut-être de Matisse qu’elle se rapprocherait le plus, notamment par la fluidité commune à leurs deux écritures.

 

Les thèmes qui courent à travers ses œuvres font l’apologie de la nature végétale et animale mais aussi de la dialectique homme-animal, d’une façon qui revivifie la part des mythes fondateurs. Autant de visions en aplats d’un monde continu, mouvant, perméable, traversé par des forces mystérieuses que la magie dispute à la science, dans une perpétuelle transformation*. Car pour revenir sans cesse aux origines de la vie, son univers pictural n’évoque en rien un Eden figé dans sa beauté aurorale. Grande lectrice, Monique Peytral est aussi une passionnée de musique classique et quoi de plus compréhensible qu’elle cherche, dans son travail, à matérialiser les sons en couleurs, selon un système personnel de correspondances.

Légères et fluides comme le mouvement des corps dans la danse, ses lignes réinventent les formes familières pour mieux les sublimer. Pour cela, elle use d’une palette où s’exaltent les rouges, les verts, les jaunes et les orangés : des couleurs vectrices de joie dans un monde de plus en plus en noir et blanc. Ainsi, elle nous délivre une véritable leçon de vie, rappelant le caractère indépassable du sensible à une humanité de plus en plus encline aux mirages du virtuel.

Monique Peytral ou la sagesse des couleurs.

Jacques Lucchesi (critique d’art)

*« Pour créer, il faut d’abord observer, s’instruire, se laisser « habiter par ». Cela prend le temps qu’il faut. Je « plonge » dans l’épaisseur de mon support, j’y vois naitre ainsi des figures qui vont porter ce que je veux dire ; quand toute la surface s’est organisée, je fixe la composition à grands traits de craie ; puis je laisse les choses mûrir, s’installer en moi avec couleurs, rythmes et rites…Un matin, je sens que tout est prêt. Je peux me jeter, me propulser dedans, l’œuvre nait…La réalisation se fait alors calmement et comme en dehors de soi, formes et couleurs se répondant, individualisées par le graphisme. Les peintures me demandent l’intensité, les gouaches jouent dans la transparence et la liberté, la plume courant rapide et multiple. Des plages colorées opaques ou plus transparentes rythment l’ensemble. Je respire à fond. J’écoute la plénitude de la nature et sa fantaisie. »
(Extrait, pages 38 et 39, de « Les couleurs du temps », ouvrage d’entretiens de Monique Peytral avec Blandine De Dinechin paru aux Editions du Cerf en 1998)

 

Monique Peytral, 2013Monique Peytral. 2014. 65x83cmMonique Peytral. 2012. 72x58cmMonique Peytral. 2014. 57x59cmMonique Peytral. 2014. 68x67cmMonique Peytral. 2014. 65x64cm